Nathalie Coutelet
Un théâtre à côté : La Grimace
De la Belle Époque aux Années folles
Des derniers feux de la Belle Époque au cœur des Années folles, de nombreuses et diverses initiatives théâtrales voient le jour et retombent tout aussi vite dans l’oubli, laissant cependant à la postérité quelques noms d’auteurs et metteurs en scène tels André Antoine, Aurélien Lugné-Poe, Jacques Copeau ou bien encore Gaston Baty. La Grimace est l’une d’elles, sincère et passionnée, créant, luttant et inventant, de 1912 à 1929, pour exister, s’exprimer, malgré l’adversité, la mainmise des théâtres en vue et les difficultés financières.
Mêlant amateurs et professionnels et œuvrant à faire découvrir de nouveaux talents, auteurs et textes en dehors ou « à côté » des circuits commerciaux et institutionnels traditionnels, la Grimace est l’un des fils invisibles ayant contribué, en marge des noms retenus par l’Histoire, à tisser le paysage théâtral de cette époque.
Interrogeant la notion même de « théâtre à côté » et réévaluant la place des compagnies marginales dans l’histoire du théâtre, donnant à voir et à comprendre les mécanismes à l’œuvre dans l’écriture, la mise en scène et la production des spectacles, comme les tensions et les blocages du champ théâtral, cet essai tente d’éclairer d’un jour nouveau les conditions du théâtre de ce premier XXe siècle.
« [...] Le théâtre contemporain a été frelaté, dénaturé. Aujourd’hui, on n’y va plus retremper son âme aux sources des belles émotions, mais bien admirer des exhibitions de chair […]. L’artiste ne vient plus sur la scène pour clamer des tirades vibrantes […], mais bien exhiber aux assistants la dernière mode lancée par la Maison telle. Oui, nous aimons à le répéter, le théâtre n’est plus qu’un vaste carnaval étiqueté et organisé, il est tombé au rang des distractions banales et des simples passe-temps où le philistin et le snob vont calmer leur fièvre de l’imprévu. L’art théâtral a perdu sa fonction émotive et son rôle éducateur […]. C’est dans semblable état de désolation que nous voyons à l’horizon de l’art poindre le soleil du paroxysme. Le nouveau mouvement littéraire et artistique qui jette de fauves fulgurances sur les steppes dénudées du Beau […]. »
Introduction
I. Genèse de la Grimace
I. Un acteur-directeur novice : Fernand Bastide
1) Rendez-vous manqués au Conservatoire
2) Compagnonnage au Théâtre de l’Œuvre
3) Formation hétéroclite dans les sociétés artistiques
II. La première Grimace
1) Contexte de naissance de la Grimace
2) Répertoire
Théâtre en vers et poésie
Écriture féminine
Renouvellement de formes anciennes
Diversité dramaturgique
3) Organisation de la Grimace
Fonctionnement général
Dramaturges
Principes esthétiques
II. Dix ans de recherches dramaturgiques
I. Le répertoire : un élément central
1) Le paysage théâtral dans l’après-guerre
Continuités
Crise et renouveau du théâtre
2) Deux compagnons de route
Philippe Fauré-Frémiet Boussac de Saint-Marc
II. Éclectisme dramatique
1) Les frères d’armes
2) Réactivation de genres anciens
3) Variété dramaturgique
Drames
Comédies
III. Physiologie de la Grimace
I. Acteurs
1) Fernand Bastide
2) Madeleine Linval
3) Des acteurs réguliers dans un théâtre à côté
4) Des comédiens révélés par la Grimace
II. De la scène à la salle
1) Fernand Bastide, l’homme orchestre
Servir le texte Être une cheville ouvrière de la scène
2) André Boll, fidèle allié
3) Collaborateurs occasionnels
III. Les « Amis de la Grimace »
1) Comités
2) Adhérents
IV. Un théâtre à côté en quête de régularité
I. Tribulations théâtrales : les grimaces de la Grimace
1) Un « théâtre pauvre »
La commercialisation du spectacle
Revenus de la Grimace
2) Un théâtre nomade
Le Théâtre Michel
De théâtre en théâtre
II. Les avatars de la Grimace
1) La Grimace et les Pantins
2) La Grimace et Paul Castan
III. Pour l’union des théâtres à côté
1) Une kyrielle de groupes irréguliers
2) Antoine, mentor des jeunes
3) La campagne de Comoedia
Conclusion
Annexe I : Chronologie de la Grimace
Annexe II : Tableau comparatif des spectacles
Bibliographie
Index des noms
Nathalie Coutelet est maître de conférence au département Théâtre de l’Université Paris 8, membre de l’EA 1573 « Scènes du monde, création, savoirs critiques ». Historienne du spectacle fin XIXe-début XXe siècle, elle a notamment publié Étranges artistes sur la scène des Folies-Bergère (PUV, 2015), Histoire des artistes noirs du spectacle français (L’Harmattan, 2012) et Démocratisation du spectacle et idéal républicain (L’Harmattan, 2012).
Recension par Marie-Astrid Charlier sur Fabula _ mai 2o21
« S’appuyant sur de très nombreuses archives, souvent inédites, N. Coutelet propose ici une étude aussi riche que fine d’un théâtre à côté du début du XXe siècle, La Grimace, fondée par Fernand Bastide en décembre 1912.
[...]
Passionnant, abondamment documenté et toujours problématisé, l’ouvrage de Nathalie Coutelet a plusieurs mérites. Il permet d’abord de faire renaître un théâtre oublié et, avec lui, tout un pan ignoré de l’histoire du théâtre du premier XXe siècle. Il fait également mieux connaître la réalité des théâtres irréguliers, les stratégies qu’ils doivent déployer pour survivre alors que pèsent sur eux des contraintes économiques très fortes et une instabilité définitoire [...]. »
Découvrez aussi
Accéder aux sections