Serge Martin
Rythmes amoureux
Corps, langage, poème
Les poèmes offrent certainement le maximum de corps dans le langage : telle serait l’hypothèse de Serge Martin à partir d’un corpus poétique pluriel des trente dernières années du XXe siècle. Sans viser une typologie, la force corporelle de ces œuvres y est observée au moyen de cinq activités comme autant de leviers d’écoute la plus fine possible de ce que fait un poème par corps au langage, à la vie même : énoncer, incorporer, se rapprocher, correspondre, emmêler.
Ce faisant, toujours à partir des poèmes, l’auteur essaie de construire une critique forte des points de vue, linguistiques ou littéraires, psychologiques ou sociologiques, philosophiques ou poétologiques, concernant les tensions d’un faire l’amour dès que poème, voire dès que langage puisque la force amoureuse en constituerait un principe anthropologique.
En fin de compte, cette enquête montrerait que plus rien ne peut s’achever en définitions. Tout y est mis en mouvement jusqu’à faire le pari qu’avec le poème, c’est toujours pour la première fois. Ou alors ce n’est ni de l’amour ni un poème, parce que les poèmes, quand ils sont poèmes, font l’amour. Voilà la conviction acquise au bout de cet ouvrage qui aura contribué quelque peu, on l’espère, à une anthropologie historique du langage par les rythmes amoureux.
Daniel Biga, Francis Dannemark, Ludovic Degroote, Jacques Dupin, Antoine Emaz, Alain Frontier, Didier Garcia, Bernard Heidsieck, Franz Kafka, Jean-Michel Maulpoix, Bernard Noël, Alexis Pelletier, Christian Prigent, Jacques Réda, Jacqueline Risset, James Sacré, Eugène Savitzkaya, Jean-Pierre Sintive, Jude Stéfan, Marina Ivanovna Tsvetaïeva, Bernard Vargaftig, Alain Veinstein, etc.
Cet ouvrage vient à la suite…
Chapitre I - Introduction : L’amour par les poèmes
1. Vers le récitatif amoureux du corps-langage
2. Sujet de la relation ou sujet-relation ?
3. Le poème-relation : passage du sujet amoureux
4. Penser l’inséparabilité du corps et du langage
5. Vers un corps-langage de la relation amoureuse
Chapitre 2 - Énoncer : Inscription ou subjectivation ?
1. Qui s’énonce ? Qui énonce ? Qu’énonce-t-on ?
2. Émile Benveniste au plus près
3. L’anthropologie relationnelle : une ontologie ?
4. Un « je » comme « un cochon farci »
5. La recherche du continu relationnel ou le poème de la personne
Chapitre 3 - Incorporer : Corps-objet ou corps-sujet ?
1. Une physique amoureuse : des éléments à la relation
2. La fragmentation du discours entre signe et rythme
3. Un corps-sujet par la pluralité litanique
4. La physique du langage : image ou histoire d’un corps ?
5. Le continu du poème : un corps qui frôle
Chapitre 4 - Se rapprocher : Figures ou phrasés ?
1. La poésie comme l’amour : un rapprochement ?
2. Le rapprochement dans les figures
3. Le rapprochement par le phrasé
4. Le rapprochement comme l’histoire d’une voix
5. Seul contre tous les lyrismes de l’époque
Chapitre 5 - Correspondre : Messages ou mouvements ?
1. Correspondance ou/et relation ?
2. « Ton nom » signe le poème
3. Correspondre : la relation prise dans les messages
4. L’ombre du double5. Plus par toi que pour toi
Chapitre 6 - Emmêler : La lyre ou la voix ?
1. Écrire la voix ou l’écouter ?
2. La voix est-elle toujours lyrique ?
3. Sexe et langue du poème : manières de faire l’amour
4. Le rythme boiteux de l’amour5. Penser la voix comme matière relation
Chapitre 7 - Conclusion : Les poèmes par le sujet amoureux
1. Du noeud amoureux à la relation dans et par le langage
2. La prose : une fabrique du continu ?
3. La relation amoureuse dans et par le langage
4. Entre « on » et « autour » : la relation silencieuse
5. Toujours pour la première fois
Ouverture qui toujours recommence
Index des noms
Serge Martin est professeur émérite de littérature à l’Université Sorbonne nouvelle Paris 3. Il a publié récemment Voix et relation. Une poétique de l’art littéraire où tout se rattache (Marie Delarbre, 2017), Ghérasim Luca, une voix inflammable (Tarabuste, 2018) et L’Impératif de la voix. De Paul Éluard à Jacques Ancet (Garnier, 2019). Il est écrivain sous le nom de Serge Ritman (Ta Résonance, ma retenue, Tarabuste, 2017).
Rencontre à La Nouvelle Librairie Guillaume, Caen _ 6 mars 2o2o
Rencontre _ Serge Martin, autour de son dernier livre Rythmes amoureux. Corps, langage, poème et présentation des Editions Otrante. En présence de l'auteur, d'Anne Gourio, de Raphaëlle Hérout et de l'éditeur.
6 mars 2o2o, 19h00, 98 rue Saint-Pierre, Caen.
Rythmes amoureux y est évoqué, à différentes reprises, notamment à partir de la page 127.
« L’aventure d’une voix est en fait infinie, toujours à recommencer, et c’est sous son pseudonyme « Serge Ritman » que le poète termine et ouvre tout à la fois. Dans et par ce poème qui inachève l’ouvrage, le rythme est mis à nu. Le rythme relationne car il y va d’un « enroulement » qui nous rapproche, d’un « envol » qui nous « arrache », d’un murmure – à la Jacques Dupin – qui emmêle les voix : « les traits concentrés dans la couleur / tu répètes et je vois ». Pour conclure, l’ouvrage se présente ainsi comme une invitation à découvrir l’œuvre de Serge Martin, et au-delà celle de Meschonnic, dont le rire résonne parmi ces pages. »
« La conception du poème comme « échange généralisé » est l’apport majeur de l’essai de Serge Martin [...]. En littérature comme ailleurs, il y a assurément bien des manières de faire correspondre des historicités, des corps-langages et dessujets-relations, autrement dit de faire société au-delà des thèmes, méthodes et célébrations imposés. Il revient à chacun et à tous d’augmenter cette capacité du langage à saisir, relier, transformer, inventer — bref, dire — « toujours pour la première fois ». »
« Quinze ans après L’amour en fragment et Langage et relation, Serge Martin poursuit, dans Rythmes amoureux son travail d’écoute et de recherche de « la relation amoureuse dans et par le langage », et plus spécifiquement ici, dans et par les poèmes amoureux. Cette manière singulière « de dire et de faire l’amour » se développe en cinq « mouvements emblématiques » - « énoncer, incorporer, se rapprocher, correspondre et emmêler » - d’une littérature prise pour ce qu’elle fait plus que pour ce qu’elle dit.
[…]
Comme dans le poème de Bernard Noël, Serge Martin montre qu’il faut poursuivre « jusqu’au bout du souffle » la recherche de l’inconnu du langage ; jusqu’au bout de l’amour, qui, comme le langage, ne s’arrête jamais. »
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