14 x 21 cm / 375 pages / octobre 2021 / isbn 979-10-97279-15-8

Introduction

I. Sublime matérialisme !

I. La violence économique
1. La corruption salariale
2. L’accumulation romaine
3. L’être et l’avoir
4. Argent et justice
5. Contre le libéralisme

II. Personne, visage et individu réel
1. La question juive
2. Humanisme de l’autre homme et humanisme réel
3. Le visage
4. L’individu humain vivant
5. Genèse phénoménologique et matérialiste du moi
6. Le spiritualisme concret de Levinas
7. Le pluralisme ontologique

III. Une communauté sans communauté
1. Communauté et société
2. Contre les totalités

2. Éthique et praxis

I. Le prolétaire et le bourgeois
1. Catégories sociales ou catégories morales ?
2. L’incondition prolétarienne
3. Primauté de la praxis
4. Une éthique de la parole ?
5. La culpabilité objective

II. Un idéalisme contre l’idéologie ?
1. L’utopie du sujet
2. La condition de créature
3. L’idéalisme d’avant la science et l’idéologie
4. Idéologie et intérêt

III. Religion ou révolution
1. Critiques marxiennes de la religion
2. L’athéisme levinassien
3. Critique de la critique marxienne
4. Le mythe communiste
5. La transcendance du mal
6. Dialectique de l’athéisme
7. Le monothéisme
8. Sainteté et messianisme
9. Le cas de Münzer

3. Le communisme réel

I. La réalité stalinienne
1. L’horreur
2. Le mal radical
3. La perversion

II. Khrouchtchev et la raison
1. Le rationalisme monologique
2. Téléologie et théodicée
3. L’universalisme abstrait
4. Une critique insuffisante

III. Conservatisme de Marx
1. Psychisme et œuvre
2. L’inactuel
3. Retour de la représentation
4. La sorcellerie
5. L’adresse
6. La parole prophétique
7. Le capitalisme de l’être
8. L’Œuvre radicale
9. Dialectique ou emphase

4. L’anarchie du bien

I. Critiques levinassiennes de la révolution
1. L’ethos du partisan
2. La patience
3. Le révolutionnaire et la police
4. Tolstoï, une critique anarchiste de la révolution

II. L’ordre des Nations
1. La politique comme guerre
2. La paix des Empires
3. La paix civile
4. L’État, ville-refuge

III. Anarchie du Bien et anarchie politique
1. Perspectives libertaires
2. La révolte
3. Un impensé étatique ?
4. Dialectique de l’anarchie et de l’État

IV. Les ambiguïtés de l’État libéral
1. L’« État libéral »
2. Un autre libéralisme
3. L’État de David
4. Politiques de l’anarchie

Conclusion
Bibliographie
Index

Lucie Doublet est docteure en philosophie et a enseigné dans le secondaire ainsi qu'à l'Université Paris-Nanterre.

Recension par Benjamin Castiel pour les Cahiers d'études lévinassiennes, février 2023 (p. 133-138).

Jusqu'alors considérée comme secondaire, la pensée politique de Lévinas fait l'objet d'un nombre croissant de publications [...]. En partant sur les traces de la présence de Marx dans l'œuvre de Lévinas, le livre de Lucie Doublet apporte une contribution originale à un champ de recherche en ébullition.
La difficulté de la tâche est contenue dans le sous-titre du livre, qui sonne comme un oxymore : « sublime matérialisme ». [...] La sublimation du matérialisme initiée par Lévinas suppose un dialogue exigeant avec Marx, visant à sauver les intuitions fécondes de la tourbe du « socialisme réel ». Si le dialogue fut parfois violent, l'un et l'autre partagent, selon Doublet, des affinités élective et une « intuition commune » : « L'humanité porte en elle une exigence de justice que l'ordre capitaliste est incapable de prendre en charge ». [...]

Recension par Yoann Colin pour le site nonfiction, août 2022.

Ce livre remarquable est la publication d’une thèse soutenue à l’Université de Nanterre en 2018. Si on connaît Levinas comme le philosophe du saisissement éthique, pour qui la « responsabilité pour autrui » est l’aune absolue à laquelle se mesurent le sens et la valeur d’une existence humaine, alors on pourrait croire à un intérêt second pour le politique et le social. Mais, après la Shoah, la question de la communauté humaine ne pouvait que rester essentielles. En mettant minutieusement au jour ce qui relie Levinas à Marx, Lucie Doublet fait apparaître la proximité de leurs points de vue critiques […]. Mais l’enjeu central du livre est de faire valoir que la pensée de Levinas recèle une force critique solidement opposable à Marx.
[…]
On devine peut-être l’extrême richesse d’un ouvrage dont la lecture exigeante s’avère infiniment fructueuse.

Recension par Gildas Labey pour la revue Études, mars 2022 (p. 131).

L’examen minutieux et lumineux des pensées de Marx et Levinas révèle leur proximité inattendue, donnant une image plus sociopolitique de Levinas que d’ordinaire.

L'objectif affiché est ambitieux : mettre en regard la philosophie de Levinas (ses œuvres explicitement philosophiques comme ses textes d'exégèse religieuse) et les textes de Marx qui ont pu l’influencer ou avec lesquels il partage une communauté d’inspiration. Mais cette gageure est relevée avec brio par Lucie Doublet [...]. En plus d’être un brillant travail d’histoire de la philosophie, ce livre permet de nuancer l’image qu’on peut avoir d’Emmanuel Levinas, phénoménologue contemporain de Sartre, qu’on réduit souvent à n’être qu’un penseur éthéré de l’éthique. Or, l’auteure montre que loin d’être portion congrue dans son œuvre philosophique, la question sociale, les problèmes économiques et historiques sont des points saillants de son analyse.

[...] l'ouvrage de L. Doublet est passionnant, riche et précis ; il combine une réelle intelligence des pensées de Marx et de Levinas (et de tant d’autres, rapidement présentées) pour faire saillir une distinction ou éclairer avec brio un exemple. On y découvre Levinas nourri de la pensée de Marx, qu’il s’approprie et qu’il dépasse sur certains points, en montrant entre autres, comment le cœur de la religion telle qu’il la comprend échappe à la critique marxienne, ou encore comment les figures du bourgeois et du prolétaire se développent pour excéder leur valeur strictement socio-économiques.

Au micro de Yankel Fijalkow dans l'émission Livres au café des psaumes sur Radio J, novembre 2022.

Lucie Doublet était le 20 novembre 2021 l'invitée de l'émission Livres au café des psaumes sur Radio J, au micro de Yankel Fijalkow.